Le
dimanche de Gaudete ,
également connu sous le nom de dimanche de la joie , nous invite à nous
arrêter au milieu des thèmes de la préparation et de la repentance du temps de
l'Avent pour embrasser la joie qui naît de la proximité du Seigneur. Les
lectures d'aujourd'hui éclairent le lien profond entre la joie et notre
disponibilité à rencontrer le Christ. Ces passages convergent vers un message
clé : la joie du Seigneur nous transforme et se répand dans tous les aspects de
notre vie.
L'exhortation
de Paul aux Philippiens commence par le commandement catégorique : «
Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur ; je le répète, réjouissez-vous » (
χα ίρετε ἐν Κυρίῳ π άντοτε · π άλιν ἐρῶ , χα ίρετε ). Le mot grec χα ίρετε (
chairete ) est plus qu’une réponse émotionnelle ; il signifie une joie profonde
et durable enracinée dans la présence de Dieu. Paul, écrivant depuis sa prison,
illustre comment la joie chrétienne transcende les circonstances.
«
Le Seigneur est proche » :
cette phrase résume l’essence de l’Avent et du dimanche de Gaudete. La
proximité de Dieu, à la fois dans l’Incarnation et dans sa présence
continuelle, fonde notre joie. Il ne s’agit pas d’un bonheur passager, mais de
l’assurance de l’Emmanuel, Dieu avec nous.
« Ne vous inquiétez de rien » (μηδὲν μεριμνᾶτε) : Cette exhortation peut paraitre surprenante. Paul
oppose l’anxiété à la confiance en Dieu. Le mot grec μεριμνᾶτε ( merimnate )
traduit de manière vivante l’image d’être tiré dans des directions différentes
par les soucis et les préoccupations. En effet, la vie nous présente une
myriade de défis (problèmes de santé, luttes familiales et conjugales, conflits
relationnels, etc.) qui peuvent perturber notre paix intérieure.
En réponse à ces inquiétudes, Paul nous
adresse une invitation profonde : nous ancrer dans la prière et l'action de
grâce. Par cette pratique, nous confions nos inquiétudes à Dieu, permettant à
sa paix de garder nos cœurs et nos esprits, même au milieu des tempêtes de la
vie.
«
Paix de Dieu » ( εἰρήνη τοῦ Θεοῦ ) : Paul
nous assure que la paix de Dieu, qui surpasse toute intelligence, gardera nos
cœurs et nos esprits. Le mot grec εἰρήνη ( eirēnē ) exprime un
sentiment de plénitude, d’harmonie et de bien-être que seul Dieu peut nous
procurer. Cette paix divine n’est pas simplement l’absence de conflit, mais un
état profond de plénitude et de tranquillité, fruit d’une véritable joie.
La
joie, quant à elle, est l’un des fruits du Saint-Esprit ( Galates 5:22-23 )
et elle est étroitement liée à cette paix. Nous pouvons faire de cette paix
notre prière, surtout lorsque notre cœur et notre esprit sont troublés. Sans
paix, nous perdons souvent la clarté et la capacité de discerner les situations
et de prendre des décisions sages. Faire confiance à la paix de Dieu nous
permet d’affronter les défis de la vie avec confiance et grâce.
Il
est important de comprendre que la joie n’est pas l’absence d’épreuves ou de
difficultés, mais un choix délibéré de faire confiance à la fidélité de Dieu,
en croyant qu’aucun problème n’est plus grand que Lui. Cette confiance
s’exprime par la prière, qui comprend à la fois la demande et l’action de
grâce. Ceux qui pratiquent régulièrement la « prière d’action de grâce »
peuvent témoigner de son pouvoir transformateur.
Nous
sommes donc appelés à cultiver la gratitude et à maintenir une dépendance
priante envers Dieu, en laissant sa paix régner dans nos cœurs. Lorsque nous
embrassons cette joie, nous devenons de puissants témoins d’espérance dans un
monde accablé par l’anxiété et la peur.
Comme
le disait avec sagesse saint Padre Pio : « Priez, espérez et ne vous
inquiétez pas. L’inquiétude ne sert à rien. Dieu est miséricordieux et entendra
votre prière. »
Dans
l'Évangile de Luc, Jean-Baptiste s'adresse à une foule émue par son appel à la
repentance. Leur question : « Que devons-nous donc faire ? » reflète
l'ouverture d'un cœur avide de renouveau. La réponse de Jean est concrète et
précise, abordant les questions de justice, de générosité et d'intégrité.
Jean-Baptiste leur
a ensuite adressé le message suivant : « Portez des fruits dignes de
la repentance ». Le mot μετ ανοίας (metanoias) signifie un
changement transformateur de l’esprit et du cœur. La véritable repentance se
manifeste par des actions qui reflètent une conversion intérieure.
·
Il dit à la foule : « Partagez avec ceux qui sont dans le besoin » (v. 11).
Cela souligne la générosité comme fruit essentiel de la repentance.
·
Aux collecteurs d’impôts : Évitez l’extorsion et ne percevez que ce qui est dû (v.
13). Cela montre que l’intégrité est le signe d’un cœur repentant.
·
Aux soldats :
Évitez d’abuser du pouvoir et pratiquez le contentement (v. 14). La justice et
l’humilité ne sont pas négociables pour ceux qui attendent le Messie.
En
parlant de Jésus, Jean-Baptiste dit : « Il vous baptisera dans
l’Esprit Saint et dans le feu ». Jean oppose son baptême d’eau au
baptême transformateur du Messie. Le πῦρ ( pyr , feu) symbolise la
purification et le zèle, permettant au croyant de vivre une vie de joie et de
mission. On peut ici rappeler le Saint-Esprit qui est descendu sur les
disciples comme des « langues de feu » le jour de la Pentecôte.
L’Évangile
d’aujourd’hui se termine par ces mots : « Après avoir exhorté le peuple de
diverses manières, il lui annonça la Bonne Nouvelle. » Le terme « Bonne
Nouvelle » résume l’essence du message de Jean. Même son appel sévère à la
repentance est intégré dans la proclamation de l’Évangile. La vraie joie naît
de la connaissance que le Messie apporte le salut et le renouveau.
«
Aujourd’hui, que devrions-nous faire ? »
La
question « Que devons-nous faire ? » reste au cœur de notre préparation
à Christ. En tant que chrétiens, nous sommes invités à examiner honnêtement
notre vie et à y répondre par des actes concrets d’amour, de justice et de
compassion. Cette disponibilité active ouvre la porte à la joie authentique.
Vivre
la joie du dimanche de Gaudete.
La
joie en action : Les lectures nous
rappellent que la joie est à la fois un don et une responsabilité. Saint Paul
nous exhorte à « nous réjouir toujours dans le Seigneur », tandis que
Jean-Baptiste nous met au défi d’exprimer notre joie par le repentir et des
actes d’amour concrets. En tant que chrétiens, nous sommes appelés à inspirer
les autres en vivant cette joie. Lorsque nous tendons la main aux autres avec
amour, humilité, compassion et gentillesse, nous contribuons à leur joie et à
leur bien-être et, ce faisant, nous recevons cette même joie en retour. La
joie partagée devient une joie multipliée.
La
joie comme témoignage : La
joie dont parlent Paul et Jean est contagieuse parce qu’elle est profondément
enracinée dans l’Évangile. Quand les chrétiens vivent avec joie, même au milieu
des difficultés de la vie, ils deviennent témoins de la puissance
transformatrice de l’amour de Dieu. Leur joie témoigne que l’Évangile est
vivant et actif dans le monde.
La
joie dans l'espérance : Le
dimanche de Gaudete nous renvoie à la joie ultime de la venue du Christ. Que ce
soit dans l'humble crèche de Bethléem ou dans la gloire de sa seconde venue, la
vie chrétienne est marquée par une espérance pleine d'attente. Cette espérance
nourrit notre joie et nous fortifie pour persévérer dans la foi, quels que
soient les obstacles auxquels nous sommes confrontés.
Le
dimanche de Gaudete nous invite à nous réjouir, non pas superficiellement, mais
profondément et authentiquement, comme des personnes transformées par la
proximité du Christ. De l’épître de Paul en prison à la proclamation ardente de
Jean, le message est clair : la joie du Seigneur est notre force. Répondons à
l’appel à nous réjouir toujours dans le Seigneur, en laissant sa paix garder
nos cœurs et son Esprit enflammer nos vies d’amour, d’espérance et de joie. Ce
faisant, nous accomplissons notre chemin de l’Avent et préparons la voie au
Seigneur.
No comments:
Post a Comment