L’origine
de l’humanité et le plan de Dieu
Pour
comprendre pleinement le sens de Genèse 11,1-9, nous devons revenir au
commencement de l’histoire humaine. La Bible nous enseigne que Dieu a créé Adam
et Ève à son image et à sa ressemblance (Gn 1,26-27). C’est là le fondement de
l’identité humaine : notre dignité vient du fait que nous sommes le reflet de
Dieu, et non de ce que nous construisons ou accomplissons.
De
plus, Dieu a dit : « Faisons l’homme à notre image » (Gn 1,26). Cette forme
plurielle révèle le mystère du Dieu Trinitaire : Père, Fils et Esprit Saint, un
seul Dieu en trois Personnes, une parfaite unité dans la diversité. C’est ce
modèle divin qui est le modèle de la société humaine : une unité qui embrasse
les différences au lieu de les effacer.
Cependant,
en Genèse 11, nous voyons un projet humain qui rejette le dessein de Dieu.
Après l’expérience du déluge et l’alliance de Dieu avec Noé, l’humanité
s’éloigne de nouveau de la sagesse divine, choisissant plutôt de créer une
civilisation qui privilégie le pouvoir, le contrôle et l’auto-glorification. Ce
n’est pas l’unité, mais l’uniformité.
Le
danger de l’uniformité : la racine de l’erreur de Babel
L’histoire
commence par une affirmation d’uniformité absolue : « Toute la terre avait une
seule langue et les mêmes mots » (Gn 11,1).
À
première vue, cela pourrait sembler être une bonne chose. Après tout, un monde
où tout le monde parle la même langue ne favoriserait-il pas la paix ? Mais le
problème ici ne concerne pas seulement la langue : il s’agit d’une tentative
d’éliminer la diversité voulue par Dieu au profit du contrôle humain.
L’unité
ne signifie pas la ressemblance. Dieu a créé les hommes avec des dons, des
cultures et des identités différentes. Les bâtisseurs de Babel voulaient un
système unique, une structure unique, une seule manière de penser qui rejetait
le dessein divin.
L’unité
imposée mène à la manipulation. Lorsque des sociétés exigent que tout le monde
pense, parle et agisse de la même manière, elles créent des systèmes
d’oppression plutôt que d’harmonie véritable.
C’est
un avertissement pour nous aujourd’hui : la paix véritable ne vient pas de
l’élimination des différences, mais de l’apprentissage de la coexistence dans
la diversité.
«
Bâtissons une ville » : Une civilisation sans Dieu
Le
projet du peuple était audacieux : « Allons ! Bâtissons-nous une ville et une
tour dont le sommet touche le ciel, et faisons-nous un nom » (Gn 11,4).
Ici, nous voyons leur véritable
motivation :
La
ville (« ‘îr ») : Dans la
tradition biblique, les villes symbolisent souvent des structures de pouvoir
humain qui cherchent à remplacer la dépendance envers Dieu. Au lieu de se
disperser sur la terre comme Dieu l’avait commandé (Gn 1,28), ils choisissent
de centraliser le pouvoir en un seul endroit.
La
tour (« migdal ») : Il ne
s’agissait pas seulement d’un projet architectural, mais d’une déclaration
d’autosuffisance. Ils voulaient atteindre les cieux, non pas pour être avec
Dieu, mais pour le défier.
«
Faisons-nous un nom » (« na’aseh lanu shem ») : Dans le langage biblique, un nom (« shem ») représente
l’identité et la mission. Plutôt que de recevoir leur identité de Dieu, comme
Abraham le fera plus tard (Gn 17,5), ils veulent se définir eux-mêmes,
indépendamment de Dieu.
Au
fond, Babel n’était pas une quête d’innovation ou de progrès, mais le désir
humain de contrôler son propre destin en rejetant l’orientation divine.
La peur de la diversité : pourquoi ont-ils rejeté le plan
de Dieu ? : Un verset clé du
passage révèle le cœur de leur rébellion : « De peur que nous ne soyons
dispersés sur toute la surface de la terre » (Gn 11,4).
Mais
n’était-ce pas exactement ce que Dieu avait commandé en Genèse 1,28 ? Dieu
voulait que l’humanité se multiplie, remplisse la terre et répande son image
partout. Les bâtisseurs de Babel, cependant, ont vu cela comme une menace au
lieu d’une bénédiction. Ils craignaient la dispersion parce qu’ils voulaient le
contrôle. Ils ont rejeté la diversité, la percevant comme une division.
Ce
même état d’esprit persiste aujourd’hui. Beaucoup craignent les différences
culturelles, religieuses ou sociales, les associant au conflit. Mais la vraie
question est la suivante : les différences sont-elles elles-mêmes la cause des
divisions, ou bien est-ce la manière dont les humains les manipulent ?
« Le Seigneur descendit » : l’ironie de l’orgueil humain :
Le verset 5 nous dit : « Mais le
Seigneur descendit pour voir la ville et la tour que les fils des hommes
avaient bâtie ». Peu importe la hauteur de leur construction, elle était
si insignifiante que Dieu dut « descendre » pour la voir ! Le verbe hébreu «
yarad » (descendre) contraste avec leur tentative de s’élever.
Cela
nous enseigne une vérité puissante : l’orgueil humain, si grand soit-il, est
microscopique aux yeux de Dieu. Les nations, les institutions et les idéologies
peuvent croire qu’elles peuvent créer un monde sans Lui, mais au final, leurs
tours finissent toujours par s’écrouler.
Confusion
et dispersion : une miséricorde déguisée
La
réponse de Dieu n’était pas seulement une punition ; c’était un acte de
miséricorde : « Le Seigneur confondit la langue de toute la terre et les
dispersa sur toute la surface de la terre » (Gn 11,7-8).
Le
mot hébreu pour « confondre » (« balal ») signifie mélanger ou embrouiller. Le
nom Babel (« Bavel ») joue sur ce mot. Ce qu’ils cherchaient – l’uniformité – a
été brisé, mais cela s’est révélé être une bénédiction cachée.
S’ils
avaient réussi leur projet, l’humanité serait restée piégée dans une
civilisation s’auto-glorifiant et rejetant Dieu. Au lieu de cela, en les
dispersant, Dieu les a ramenés à son plan initial : un monde où différentes
nations, cultures et langues reflètent sa gloire.
Quelle
leçon pour notre monde aujourd’hui ?
Les
différences ne sont pas la cause des divisions, mais l’égoïsme humain
Beaucoup
craignent la diversité culturelle, religieuse ou sociale, pensant qu’elle est
la cause des conflits. Mais Genèse 11 nous apprend que la division ne vient pas
de la diversité elle-même, mais de la manipulation humaine et de l’égoïsme :
- Les leaders
politiques exploitent les différences pour obtenir du pouvoir.
- Les
idéologies sociales utilisent la division pour contrôler les discours.
- Même des groupes religieux peuvent transformer
la diversité en conflit plutôt qu’en bénédiction.
La
vraie question est : cherchons-nous l’unité voulue par Dieu, qui embrasse la
diversité, ou imposons-nous une uniformité de type Babel qui la supprime ?
L’unité
dans la diversité est le plan de Dieu
L’histoire
de Babel trouve sa véritable résolution à la Pentecôte (Actes 2). Là, Dieu
renverse la confusion des langues, non pas en forçant tout le monde à parler de
la même manière, mais en permettant à tous de se comprendre. L’Esprit Saint
crée une unité qui n’efface pas la diversité, mais l’embrasse.
Bâtirons-nous
Babel ou chercherons-nous le Royaume de Dieu ?
La
tour de Babel est un avertissement contre l’illusion de l’autosuffisance et la
peur de la diversité. Dieu nous appelle à l’unité, mais une unité enracinée en
Lui, et non dans le contrôle humain.
Chercherons-nous à nous faire un nom
comme Babel, ou glorifierons-nous le Nom de Dieu et embrasserons-nous son plan
?
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