Friday, February 21, 2025

De Babel à la Pentecôte : Embrasser le plan de Dieu pour l'unité dans la diversité (Genèse 11,1-9)

 


L’origine de l’humanité et le plan de Dieu

Pour comprendre pleinement le sens de Genèse 11,1-9, nous devons revenir au commencement de l’histoire humaine. La Bible nous enseigne que Dieu a créé Adam et Ève à son image et à sa ressemblance (Gn 1,26-27). C’est là le fondement de l’identité humaine : notre dignité vient du fait que nous sommes le reflet de Dieu, et non de ce que nous construisons ou accomplissons.

De plus, Dieu a dit : « Faisons l’homme à notre image » (Gn 1,26). Cette forme plurielle révèle le mystère du Dieu Trinitaire : Père, Fils et Esprit Saint, un seul Dieu en trois Personnes, une parfaite unité dans la diversité. C’est ce modèle divin qui est le modèle de la société humaine : une unité qui embrasse les différences au lieu de les effacer.

Cependant, en Genèse 11, nous voyons un projet humain qui rejette le dessein de Dieu. Après l’expérience du déluge et l’alliance de Dieu avec Noé, l’humanité s’éloigne de nouveau de la sagesse divine, choisissant plutôt de créer une civilisation qui privilégie le pouvoir, le contrôle et l’auto-glorification. Ce n’est pas l’unité, mais l’uniformité.

Le danger de l’uniformité : la racine de l’erreur de Babel

L’histoire commence par une affirmation d’uniformité absolue : « Toute la terre avait une seule langue et les mêmes mots » (Gn 11,1).

À première vue, cela pourrait sembler être une bonne chose. Après tout, un monde où tout le monde parle la même langue ne favoriserait-il pas la paix ? Mais le problème ici ne concerne pas seulement la langue : il s’agit d’une tentative d’éliminer la diversité voulue par Dieu au profit du contrôle humain.

L’unité ne signifie pas la ressemblance. Dieu a créé les hommes avec des dons, des cultures et des identités différentes. Les bâtisseurs de Babel voulaient un système unique, une structure unique, une seule manière de penser qui rejetait le dessein divin.

L’unité imposée mène à la manipulation. Lorsque des sociétés exigent que tout le monde pense, parle et agisse de la même manière, elles créent des systèmes d’oppression plutôt que d’harmonie véritable.

C’est un avertissement pour nous aujourd’hui : la paix véritable ne vient pas de l’élimination des différences, mais de l’apprentissage de la coexistence dans la diversité.

« Bâtissons une ville » : Une civilisation sans Dieu

Le projet du peuple était audacieux : « Allons ! Bâtissons-nous une ville et une tour dont le sommet touche le ciel, et faisons-nous un nom » (Gn 11,4).

Ici, nous voyons leur véritable motivation :

La ville (« ‘îr ») : Dans la tradition biblique, les villes symbolisent souvent des structures de pouvoir humain qui cherchent à remplacer la dépendance envers Dieu. Au lieu de se disperser sur la terre comme Dieu l’avait commandé (Gn 1,28), ils choisissent de centraliser le pouvoir en un seul endroit.

La tour (« migdal ») : Il ne s’agissait pas seulement d’un projet architectural, mais d’une déclaration d’autosuffisance. Ils voulaient atteindre les cieux, non pas pour être avec Dieu, mais pour le défier.

« Faisons-nous un nom » (« na’aseh lanu shem ») : Dans le langage biblique, un nom (« shem ») représente l’identité et la mission. Plutôt que de recevoir leur identité de Dieu, comme Abraham le fera plus tard (Gn 17,5), ils veulent se définir eux-mêmes, indépendamment de Dieu.

Au fond, Babel n’était pas une quête d’innovation ou de progrès, mais le désir humain de contrôler son propre destin en rejetant l’orientation divine.

La peur de la diversité : pourquoi ont-ils rejeté le plan de Dieu ? : Un verset clé du passage révèle le cœur de leur rébellion : « De peur que nous ne soyons dispersés sur toute la surface de la terre » (Gn 11,4).

Mais n’était-ce pas exactement ce que Dieu avait commandé en Genèse 1,28 ? Dieu voulait que l’humanité se multiplie, remplisse la terre et répande son image partout. Les bâtisseurs de Babel, cependant, ont vu cela comme une menace au lieu d’une bénédiction. Ils craignaient la dispersion parce qu’ils voulaient le contrôle. Ils ont rejeté la diversité, la percevant comme une division.

Ce même état d’esprit persiste aujourd’hui. Beaucoup craignent les différences culturelles, religieuses ou sociales, les associant au conflit. Mais la vraie question est la suivante : les différences sont-elles elles-mêmes la cause des divisions, ou bien est-ce la manière dont les humains les manipulent ?

« Le Seigneur descendit » : l’ironie de l’orgueil humain : Le verset 5 nous dit : « Mais le Seigneur descendit pour voir la ville et la tour que les fils des hommes avaient bâtie ». Peu importe la hauteur de leur construction, elle était si insignifiante que Dieu dut « descendre » pour la voir ! Le verbe hébreu « yarad » (descendre) contraste avec leur tentative de s’élever.

Cela nous enseigne une vérité puissante : l’orgueil humain, si grand soit-il, est microscopique aux yeux de Dieu. Les nations, les institutions et les idéologies peuvent croire qu’elles peuvent créer un monde sans Lui, mais au final, leurs tours finissent toujours par s’écrouler.

Confusion et dispersion : une miséricorde déguisée

La réponse de Dieu n’était pas seulement une punition ; c’était un acte de miséricorde : « Le Seigneur confondit la langue de toute la terre et les dispersa sur toute la surface de la terre » (Gn 11,7-8).

Le mot hébreu pour « confondre » (« balal ») signifie mélanger ou embrouiller. Le nom Babel (« Bavel ») joue sur ce mot. Ce qu’ils cherchaient – l’uniformité – a été brisé, mais cela s’est révélé être une bénédiction cachée.

S’ils avaient réussi leur projet, l’humanité serait restée piégée dans une civilisation s’auto-glorifiant et rejetant Dieu. Au lieu de cela, en les dispersant, Dieu les a ramenés à son plan initial : un monde où différentes nations, cultures et langues reflètent sa gloire.

Quelle leçon pour notre monde aujourd’hui ?

Les différences ne sont pas la cause des divisions, mais l’égoïsme humain

Beaucoup craignent la diversité culturelle, religieuse ou sociale, pensant qu’elle est la cause des conflits. Mais Genèse 11 nous apprend que la division ne vient pas de la diversité elle-même, mais de la manipulation humaine et de l’égoïsme :

  • Les leaders politiques exploitent les différences pour obtenir du pouvoir.
  • Les idéologies sociales utilisent la division pour contrôler les discours.
  • Même des groupes religieux peuvent transformer la diversité en conflit plutôt qu’en bénédiction.

La vraie question est : cherchons-nous l’unité voulue par Dieu, qui embrasse la diversité, ou imposons-nous une uniformité de type Babel qui la supprime ?

L’unité dans la diversité est le plan de Dieu

L’histoire de Babel trouve sa véritable résolution à la Pentecôte (Actes 2). Là, Dieu renverse la confusion des langues, non pas en forçant tout le monde à parler de la même manière, mais en permettant à tous de se comprendre. L’Esprit Saint crée une unité qui n’efface pas la diversité, mais l’embrasse.

Bâtirons-nous Babel ou chercherons-nous le Royaume de Dieu ?

La tour de Babel est un avertissement contre l’illusion de l’autosuffisance et la peur de la diversité. Dieu nous appelle à l’unité, mais une unité enracinée en Lui, et non dans le contrôle humain.

Chercherons-nous à nous faire un nom comme Babel, ou glorifierons-nous le Nom de Dieu et embrasserons-nous son plan ?

 


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