Chères
sœurs et chers frères, que la paix et l’amour du Christ Jésus demeurent
toujours avec vous !
Aujourd’hui,
nous méditons sur un moment décisif de l’histoire humaine et sa relation avec
Dieu. Depuis la chute d’Adam, le péché est entré dans le monde, entraînant des
conséquences dévastatrices. Les effets de la désobéissance humaine ont continué
à se propager, conduisant à un monde consumé par la méchanceté.
Le
passage qui nous est présenté est à la fois frappant et profondément
interpellant. Il révèle l’état de l’humanité avant le grand déluge, un moment
où le péché avait atteint un point si accablant que Dieu regretta (nāḥam)
d’avoir créé l’humanité. Ce n’est pas un simple regret passager, mais une
douleur si profonde qu’elle touche le cœur de Dieu. Nous lisons en Genèse 6,6 :
« Le Seigneur regretta d’avoir fait
l’homme sur la terre et il s’affligea en son cœur. »
Ici,
le verbe hébreu nāḥam est souvent traduit par « regretter » ou « se
repentir », mais il porte un sens plus profond : être profondément affligé, ému
de douleur. Cela s’accompagne du mot (ʿāṣab), qui signifie « s’attrister
» ou « souffrir ». La douleur de Dieu n’est pas un signe de faiblesse, mais un
signe d’amour, une peine divine face à la corruption de l’humanité.
L'ampleur
de la méchanceté humaine
Genèse
6,5 plante le décor : « Le Seigneur vit que la méchanceté (rāʿat) de
l’homme était grande sur la terre, et que toutes les pensées (yēṣer) de
son cœur se portaient uniquement vers le mal (rāʿ), à longueur de
journée. »
Le
mot rāʿ ne signifie pas seulement «mauvais», mais moralement corrompu,
pervers et destructeur. Le terme yēṣer fait référence à la formation
même des pensées et des désirs intérieurs d’une personne. Ce texte ne dit pas
que l’humanité faisait simplement des erreurs, mais que son imagination, ses
inclinations et ses désirs étaient entièrement tournés vers le mal. Chaque
partie de son être était infectée par le péché.
Ce
passage nous interpelle aujourd’hui. Ne
vivons-nous pas à une époque où la méchanceté semble souvent dominer ? Lorsque
l’humanité ignore les voies de Dieu et poursuit des ambitions égoïstes,
l’oppression et la corruption, ne blessons-nous pas le cœur de Dieu en adoptant
le péché comme mode de vie ?
Noé
: L’exception qui préserve l’espérance : Pourtant, au milieu de cette tristesse, un homme se
démarque :
«Mais
Noé trouva grâce (ḥēn) aux yeux du Seigneur.» (Genèse 6,8)
Le
mot ḥēn signifie grâce, une faveur imméritée. Noé n’a pas été épargné à
cause de sa propre perfection, mais en raison de la grâce de Dieu. Il marchait
avec Dieu, il écoutait et il obéissait.
Le
Seigneur donne ensuite un ordre à Noé : construire l’arche, signe du salut. Il
obéit sans hésitation, malgré l’apparente absurdité de cette tâche. Lorsque le
déluge survient finalement (Genèse 7,10), il marque à la fois un
jugement divin et un renouveau divin, une purification du monde corrompu, mais
aussi le début d’une nouvelle alliance.
Leçons pour nous
aujourd’hui
Dieu
n’est pas indifférent au péché :
La douleur de Dieu en Genèse 6 nous rappelle que le péché ne consiste pas
seulement à enfreindre des règles, mais qu’il blesse profondément le cœur de
Dieu. Si Dieu est amour, alors le péché est une trahison. Sommes-nous
conscients de l’impact de nos choix sur notre relation avec Lui ?
La
méchanceté du monde n’efface pas la grâce de Dieu : De même que Noé a trouvé grâce, nous aussi sommes les
bénéficiaires de la miséricorde divine à travers Jésus-Christ. Dans un monde
noyé dans la corruption, nous devons être ceux qui « marchent avec Dieu ».
L’obéissance
conduit au salut : Noé n’a pas
remis en question le commandement de Dieu. Il a construit l’arche alors qu’il
n’y avait aucun signe de pluie. La foi nous appelle à agir avant de voir les
résultats. Sommes-nous prêts à faire confiance à Dieu, même lorsque ses
commandements paraissent insensés aux yeux du monde ?
Le
déluge est une figure du baptême :
Tout comme le déluge a purifié le monde, le baptême lave du péché et nous
introduit dans une vie nouvelle en Christ (1 Pierre 3,20-21).
Vivons-nous cette nouveauté de vie que nous avons reçue ?
La
douleur de Dieu, un appel à la conversion
La
première lecture d’aujourd’hui révèle à la fois la justice et la miséricorde de
Dieu. Elle nous montre un Dieu ému par l’amour, qui ne désire pas la
destruction de l’humanité, mais son retour vers Lui. La douleur de Dieu n’est
pas celle d’un vaincu, mais celle d’un Père aimant qui voit ses enfants
s’éloigner. Pourtant, même dans le jugement, Il prépare un chemin de salut.
Aujourd’hui,
le monde ressemble à nouveau aux jours de Noé (Matthieu 24,37). La
corruption, la violence et la déchéance morale abondent. Mais la question est :
serons-nous comme cette génération qui a ignoré les avertissements de Dieu, ou
serons-nous comme Noé, marchant fidèlement, confiants en la grâce de Dieu et
obéissant à sa voix ?
Marie,
Arche de la Nouvelle Alliance : L’Accomplissement du Plan de Dieu
De
même que l’arche de Noé fut un instrument de salut, préservant la vie à travers
les eaux du déluge, ainsi Marie est l’Arche de la Nouvelle Alliance, par qui
Dieu apporte la plénitude du salut en Jésus-Christ. À l’époque de Noé, l’arche
portait l’espérance d’un nouveau commencement, abritant les justes du fléau
destructeur. Dans la plénitude des temps, Marie, par son fiat, est
devenue l’arche vivante qui a porté en son sein le Sauveur du monde, Celui qui
a vaincu le péché et la mort une fois pour toutes.
Le
Dieu qui s’attristait face à la méchanceté humaine aux jours de Noé n’a pas
abandonné son dessein de salut. Par Marie, Il l’a mené à son achèvement,
offrant non plus un simple sauvetage temporel, mais une rédemption éternelle.
De même que Noé a obéi à Dieu et est devenu l’instrument d’une nouvelle
création, l’obéissance parfaite de Marie l’a rendue le vaisseau par lequel Dieu
Lui-même est entré dans le monde pour opérer le renouvellement définitif de
l’humanité.
Aujourd’hui,
en méditant sur la foi de Noé et la miséricorde de Dieu, nous sommes invités à
tourner notre regard vers Marie, l’Arche de la Nouvelle Alliance, qui nous
conduit à son Fils, la source véritable et éternelle du salut. En elle, la
promesse du renouveau trouve son accomplissement, et par son intercession, nous
sommes appelés à entrer dans la véritable arche du salut : le Christ lui-même.
L’arche du salut est ouverte. Entrerez-vous
?
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