Chers
frères et sœurs en Christ, Que la paix et l’amour du Christ soient avec vous
!!!
Dans l’Évangile d’aujourd’hui, Jésus
enseigne à ses disciples comment prier. Il répond à leur demande : «Seigneur,
apprends-nous à prier, comme Jean l’a appris à ses disciples» (Luc 11,1).
Je trouve cela profondément significatif. Les disciples étaient assez humbles
pour reconnaître qu’ils avaient parfois des difficultés à prier. Ils avaient
sans doute observé Jésus en prière, et quelque chose dans sa manière de prier a
dû éveiller en eux un désir d’approfondir leur propre vie de prière.
Cette prise de conscience me conduit à
réfléchir sur notre propre besoin d’humilité dans la prière. Comme les
disciples, nous devons reconnaître que nous ne savons pas toujours prier comme
il le faudrait. Plutôt que de nous appuyer uniquement sur notre propre
compréhension, nous devrions nous tourner vers la prière que Jésus lui-même
nous a laissée, en la laissant modeler et guider notre relation avec Dieu.
Jésus priait comme il vivait
Jésus n’a pas enseigné une prière éloignée
de son expérience personnelle. Il vivait ce qu’il enseignait. Lorsqu’il demande
à ses disciples d’appeler Dieu «Père», c’est parce qu’il savait lui-même ce que
signifiait être un Fils, un Fils qui vivait dans une parfaite intimité, une
confiance absolue et une communion profonde avec le Père.
Depuis ses matinées silencieuses en prière
(Marc 1,35) jusqu’à son agonie à Gethsémani (Luc 22,42), la vie
de Jésus était marquée par un dialogue constant avec le Père. Il priait dans la
joie comme dans la souffrance, dans les moments de force comme dans les moments
de faiblesse. Sa prière n’était jamais mécanique ou forcée, elle jaillissait de
son cœur, de sa relation avec le Père et des expériences de sa vie terrestre.
Aujourd’hui, dans le Notre Père,
Jésus nous invite à entrer dans cette même relation, à prier en tant qu’enfants
bien-aimés.
« Notre Père qui es aux cieux » – Une
relation filiale
Jésus ne nous dit pas de commencer par «
Mon Père », mais « Notre Père » (Pater hēmōn). Pourquoi? Parce que notre
foi n’est pas individualiste. Nous sommes des enfants au sein d’une même
famille, unis par l’amour du même Père.
Jésus nous enseigne à nous approcher de
Dieu non pas avec crainte, mais avec confiance, comme il le faisait lui-même.
Pouvons-nous dire que nous prions avec cette même confiance d’un enfant ? Ou
voyons-nous Dieu comme une figure lointaine, nous contentant de réciter des
paroles ? Le Carême est le moment propice pour renouveler cette relation et
redécouvrir ce que signifie être fils et filles de Dieu.
« Que ton nom soit sanctifié » – Une prière
du cœur
Sanctifier le nom de Dieu ne se limite pas
à le prononcer avec respect, cela signifie le faire connaître et aimer à
travers notre vie quotidienne. Le verbe grec hagiasthētō est à la voix
passive, ce qui signifie que nous devons permettre que cela se réalise en nous.
La sainteté de Dieu doit être rendue visible par notre témoignage. Il nous dit
: « Soyez saints, car moi, le Seigneur votre Dieu, je suis saint » (Lévitique
19,2).
Nos prières sont-elles de simples paroles,
ou nous transforment-elles véritablement ? Récitons-nous seulement le Notre
Père ou le prions-nous avec un cœur ardent de glorifier Dieu ? La prière ne
repose pas sur la quantité de mots, mais sur la qualité de notre relation avec
Celui à qui nous nous adressons.
« Que ton règne vienne » – Chercher ce que
Jésus cherchait
Toute la vie de Jésus était orientée vers
l’avènement du Règne de Dieu. Ses paroles, ses miracles, ses souffrances, sa
mort, tout visait ce but. Lorsque nous prions « Que ton règne vienne », nous ne
demandons pas seulement une réalité future, mais nous nous engageons à y
travailler dès maintenant.
Le Carême nous interroge : désirons-nous
réellement le Royaume de Dieu ? Ou sommes-nous davantage préoccupés par la
construction de notre propre royaume ? Le jeûne, l’aumône et la prière nous
recentrent, créant en nous un espace pour que le règne de Dieu prenne racine.
« Que ta volonté soit faite sur la terre
comme au ciel » : Apprendre de Gethsémani
Jésus n’a pas seulement enseigné ces mots,
il les a vécus. À Gethsémani, en sueur de sang, il a prié : « Non pas ma
volonté, mais la tienne » (Luc 22,42). C’est la prière la plus difficile
à dire, mais aussi la plus puissante.
Le Carême est un temps pour nous interroger
: suis-je vraiment abandonné à la volonté de Dieu ? Ou est-ce que je m’accroche
encore à mes propres désirs, mes peurs, mes ambitions ? Le verbe grec genēthētō
signifie « qu’elle advienne », impliquant une ouverture totale à l’action de
Dieu.
« Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce
jour » : Faire confiance au Père
Jésus nous apprend à prier pour le « pain
quotidien », une expression riche de sens. Elle désigne non seulement notre
nourriture matérielle, mais aussi le Pain de Vie, Jésus lui-même.
Le Carême est le moment de nous demander :
de quoi ai-je vraiment faim ? Est-ce que j’aspire à Jésus, ou est-ce que je
remplis mon âme de choses éphémères? L’Eucharistie est le plus grand don du
Carême, recevons-la avec un amour et une gratitude renouvelés.
« Pardonne-nous nos offenses, comme nous
pardonnons » – Le cœur du Carême
Le pardon est au centre de l’Évangile.
Jésus ne sépare pas le fait d’être pardonné de celui de pardonner aux autres.
Le mot grec aphes signifie « relâcher, libérer ». Si nous demandons la
miséricorde de Dieu, nous devons aussi libérer ceux qui nous ont blessés.
Le Carême est un temps de réconciliation. Y
a-t-il quelqu’un que nous devons pardonner ? Quelqu’un à qui nous devons
demander pardon ? Si nos cœurs sont fermés, comment la miséricorde de Dieu
pourra-t-elle y entrer ? Que ce temps soit un moment de guérison.
« Ne nous laisse pas entrer en tentation,
mais délivre-nous du mal » : La force dans le combat
Jésus a affronté la tentation dans le
désert avant de commencer sa mission. Il sait ce que signifie être faible,
affamé et tenté. Pourtant, il a triomphé en s’appuyant sur le Père.
Ce Carême, nous aussi serons confrontés à
des tentations : celle de renoncer, de retomber dans de vieilles habitudes, de
nous lasser de prier. Mais nous ne sommes pas seuls. Jésus marche avec nous.
Appuyons-nous sur lui, comptant sur sa force plutôt que sur la nôtre.
Vivre le Notre Père en ce Carême
Chers frères et sœurs, ce Carême est une
occasion de dépasser une prière routinière pour embrasser une prière
relationnelle. Jésus ne nous enseigne pas seulement des mots, mais une manière
de vivre, dans l’intimité, la confiance et l’abandon au Père.
Prenons ce temps pour : Prier avec le cœur, pas seulement avec
les lèvres, faire confiance à Dieu comme un Père aimant, chercher son Royaume
avant toute chose. Accepter sa volonté, même quand c’est difficile. Avoir faim
du Pain de Vie. Pardonner comme nous avons été pardonnés. Persévérer dans
l’épreuve, sachant que nous ne sommes jamais seuls.
Si nous vivons cette prière, nous sortirons
du Carême transformés. Nous ne dirons pas seulement Notre Père, nous
vivrons véritablement comme ses fils et filles.
Que ce Carême soit un temps de renouveau,
de prière profonde et de communion intime avec le Père.
Amen.
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