Tuesday, March 11, 2025

Apprendre à prier comme Jésus a prié (Matthieu 6,7-15)

 

Chers frères et sœurs en Christ, Que la paix et l’amour du Christ soient avec vous !!!

Dans l’Évangile d’aujourd’hui, Jésus enseigne à ses disciples comment prier. Il répond à leur demande : «Seigneur, apprends-nous à prier, comme Jean l’a appris à ses disciples» (Luc 11,1). Je trouve cela profondément significatif. Les disciples étaient assez humbles pour reconnaître qu’ils avaient parfois des difficultés à prier. Ils avaient sans doute observé Jésus en prière, et quelque chose dans sa manière de prier a dû éveiller en eux un désir d’approfondir leur propre vie de prière.

Cette prise de conscience me conduit à réfléchir sur notre propre besoin d’humilité dans la prière. Comme les disciples, nous devons reconnaître que nous ne savons pas toujours prier comme il le faudrait. Plutôt que de nous appuyer uniquement sur notre propre compréhension, nous devrions nous tourner vers la prière que Jésus lui-même nous a laissée, en la laissant modeler et guider notre relation avec Dieu.

Jésus priait comme il vivait

Jésus n’a pas enseigné une prière éloignée de son expérience personnelle. Il vivait ce qu’il enseignait. Lorsqu’il demande à ses disciples d’appeler Dieu «Père», c’est parce qu’il savait lui-même ce que signifiait être un Fils, un Fils qui vivait dans une parfaite intimité, une confiance absolue et une communion profonde avec le Père.

Depuis ses matinées silencieuses en prière (Marc 1,35) jusqu’à son agonie à Gethsémani (Luc 22,42), la vie de Jésus était marquée par un dialogue constant avec le Père. Il priait dans la joie comme dans la souffrance, dans les moments de force comme dans les moments de faiblesse. Sa prière n’était jamais mécanique ou forcée, elle jaillissait de son cœur, de sa relation avec le Père et des expériences de sa vie terrestre.

Aujourd’hui, dans le Notre Père, Jésus nous invite à entrer dans cette même relation, à prier en tant qu’enfants bien-aimés.

« Notre Père qui es aux cieux » – Une relation filiale

Jésus ne nous dit pas de commencer par « Mon Père », mais « Notre Père » (Pater hēmōn). Pourquoi? Parce que notre foi n’est pas individualiste. Nous sommes des enfants au sein d’une même famille, unis par l’amour du même Père.

Jésus nous enseigne à nous approcher de Dieu non pas avec crainte, mais avec confiance, comme il le faisait lui-même. Pouvons-nous dire que nous prions avec cette même confiance d’un enfant ? Ou voyons-nous Dieu comme une figure lointaine, nous contentant de réciter des paroles ? Le Carême est le moment propice pour renouveler cette relation et redécouvrir ce que signifie être fils et filles de Dieu.

« Que ton nom soit sanctifié » – Une prière du cœur

Sanctifier le nom de Dieu ne se limite pas à le prononcer avec respect, cela signifie le faire connaître et aimer à travers notre vie quotidienne. Le verbe grec hagiasthētō est à la voix passive, ce qui signifie que nous devons permettre que cela se réalise en nous. La sainteté de Dieu doit être rendue visible par notre témoignage. Il nous dit : « Soyez saints, car moi, le Seigneur votre Dieu, je suis saint » (Lévitique 19,2).

Nos prières sont-elles de simples paroles, ou nous transforment-elles véritablement ? Récitons-nous seulement le Notre Père ou le prions-nous avec un cœur ardent de glorifier Dieu ? La prière ne repose pas sur la quantité de mots, mais sur la qualité de notre relation avec Celui à qui nous nous adressons.

« Que ton règne vienne » – Chercher ce que Jésus cherchait

Toute la vie de Jésus était orientée vers l’avènement du Règne de Dieu. Ses paroles, ses miracles, ses souffrances, sa mort, tout visait ce but. Lorsque nous prions « Que ton règne vienne », nous ne demandons pas seulement une réalité future, mais nous nous engageons à y travailler dès maintenant.

Le Carême nous interroge : désirons-nous réellement le Royaume de Dieu ? Ou sommes-nous davantage préoccupés par la construction de notre propre royaume ? Le jeûne, l’aumône et la prière nous recentrent, créant en nous un espace pour que le règne de Dieu prenne racine.

« Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel » : Apprendre de Gethsémani

Jésus n’a pas seulement enseigné ces mots, il les a vécus. À Gethsémani, en sueur de sang, il a prié : « Non pas ma volonté, mais la tienne » (Luc 22,42). C’est la prière la plus difficile à dire, mais aussi la plus puissante.

Le Carême est un temps pour nous interroger : suis-je vraiment abandonné à la volonté de Dieu ? Ou est-ce que je m’accroche encore à mes propres désirs, mes peurs, mes ambitions ? Le verbe grec genēthētō signifie « qu’elle advienne », impliquant une ouverture totale à l’action de Dieu.

« Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour » : Faire confiance au Père

Jésus nous apprend à prier pour le « pain quotidien », une expression riche de sens. Elle désigne non seulement notre nourriture matérielle, mais aussi le Pain de Vie, Jésus lui-même.

Le Carême est le moment de nous demander : de quoi ai-je vraiment faim ? Est-ce que j’aspire à Jésus, ou est-ce que je remplis mon âme de choses éphémères? L’Eucharistie est le plus grand don du Carême, recevons-la avec un amour et une gratitude renouvelés.

« Pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons » – Le cœur du Carême

Le pardon est au centre de l’Évangile. Jésus ne sépare pas le fait d’être pardonné de celui de pardonner aux autres. Le mot grec aphes signifie « relâcher, libérer ». Si nous demandons la miséricorde de Dieu, nous devons aussi libérer ceux qui nous ont blessés.

Le Carême est un temps de réconciliation. Y a-t-il quelqu’un que nous devons pardonner ? Quelqu’un à qui nous devons demander pardon ? Si nos cœurs sont fermés, comment la miséricorde de Dieu pourra-t-elle y entrer ? Que ce temps soit un moment de guérison.

« Ne nous laisse pas entrer en tentation, mais délivre-nous du mal » : La force dans le combat

Jésus a affronté la tentation dans le désert avant de commencer sa mission. Il sait ce que signifie être faible, affamé et tenté. Pourtant, il a triomphé en s’appuyant sur le Père.

Ce Carême, nous aussi serons confrontés à des tentations : celle de renoncer, de retomber dans de vieilles habitudes, de nous lasser de prier. Mais nous ne sommes pas seuls. Jésus marche avec nous. Appuyons-nous sur lui, comptant sur sa force plutôt que sur la nôtre.

Vivre le Notre Père en ce Carême

Chers frères et sœurs, ce Carême est une occasion de dépasser une prière routinière pour embrasser une prière relationnelle. Jésus ne nous enseigne pas seulement des mots, mais une manière de vivre, dans l’intimité, la confiance et l’abandon au Père.

Prenons ce temps pour : Prier avec le cœur, pas seulement avec les lèvres, faire confiance à Dieu comme un Père aimant, chercher son Royaume avant toute chose. Accepter sa volonté, même quand c’est difficile. Avoir faim du Pain de Vie. Pardonner comme nous avons été pardonnés. Persévérer dans l’épreuve, sachant que nous ne sommes jamais seuls.

Si nous vivons cette prière, nous sortirons du Carême transformés. Nous ne dirons pas seulement Notre Père, nous vivrons véritablement comme ses fils et filles.

Que ce Carême soit un temps de renouveau, de prière profonde et de communion intime avec le Père.

Amen.

 


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