Thursday, April 3, 2025

Moise, Figure d’Intercesseur : Le Cœur de Dieu se laisse toucher. (Exode 32,7–14)

 

Chers frères et sœurs dans le Christ, Que la paix et l’amour du Christ soient avec vous !

Avez-vous déjà ressenti le poids de l’échec d’un autre ? Vous êtes-vous déjà retrouvé dans cette situation douloureuse où l’amour vous pousse à prier ardemment pour quelqu’un qui a chuté,  peut-être un enfant, un ami, un conjoint ou même toute une communauté ?

Dans la première lecture d’aujourd’hui, tirée du livre de l’Exode, nous voyons Moïse précisément dans cette position : une posture faite de douleur, de confrontation, mais aussi de profonde intercession. C’est l’un des dialogues les plus intenses de toute l’Écriture : un moment où la colère divine rencontre la supplication humaine. Mais c’est surtout un moment où se révèle le cœur de Dieu et la puissance de sa miséricorde.

La scène est saisissante. Sur la montagne, Moïse est enveloppé de la gloire divine, recevant les tables de l’Alliance. Pendant ce temps, en bas, le peuple qu’il conduit – sauvé d’Égypte par la main puissante de Dieu – s’est déjà détourné. Ils fabriquent un veau d’or et s’écrient : « Voici ton dieu, Israël ! » Alors, Dieu parle : « Descends, car ton peuple, que tu as fait sortir d’Égypte, s’est perverti.»

Le mot hébreu lekh red ,  « descends », est riche de sens. Il ne s’agit pas seulement d’un mouvement physique, mais d’une descente symbolique : de la communion divine vers le chaos du péché humain. Moïse est appelé à retourner dans la brèche, à se tenir entre Dieu et son peuple déchu.

Dieu déclare qu’Israël s’est « rapidement détourné »,  une expression qui souligne à quel point nos cœurs peuvent se détourner facilement lorsqu’ils perdent de vue Dieu. C’est une réalité pour chacun de nous : même après des moments d’élévation spirituelle, nous pouvons retomber dans de vieux schémas si nous ne restons pas vigilants.

« Laisse-moi faire… » :  L’invitation à intercéder.  Dieu dit alors quelque chose de surprenant : « Maintenant, laisse-moi faire : ma colère va s’enflammer contre eux, et je vais les détruire. » (v.10). Dieu a-t-il vraiment besoin de l’autorisation de Moïse ? Non. Mais c’est là tout le mystère : Dieu invite Moïse à faire ce que Lui-même désire ;  intercéder.

Et Moïse accepte. Il ne cherche pas à excuser le peuple, ni à nier sa faute. Il plaide plutôt sur deux fondements essentiels :

Les actions passées de Dieu : « Pourquoi ta colère s’enflammerait-elle contre ton peuple, que tu as fait sortir d’Égypte avec puissance et force ? » Le mot hébreu beḥozeq yad – « avec main forte » – évoque la puissance rédemptrice de Dieu. Moïse rappelle à Dieu qui Il est.

Les promesses faites aux patriarches : « Souviens-toi de tes serviteurs Abraham, Isaac et Israël… » Ici, le mot-clé est zakhar – « se souvenir ». Dans la pensée biblique, se souvenir n’est pas un simple acte mental, c’est un acte d’alliance. Moïse supplie Dieu de rester fidèle à ses promesses, car l’identité même de Dieu est enracinée dans sa miséricorde et sa fidélité.

Moïse ne juge pas de loin ; il prend sur lui la souffrance de son peuple. Il se tient devant Dieu avec amour. Voilà le vrai cœur d’un intercesseur.

Et alors vient l’un des versets les plus bouleversants de la Bible : « Le Seigneur renonça au mal qu’il avait voulu faire à son peuple. » Le verbe hébreu utilisé ici, vayyināḥem (de naḥam), signifie : se repentir, se laisser émouvoir, changer d’avis par compassion. Il ne s’agit pas d’une erreur divine, mais d’un Dieu qui se laisse toucher par l’amour et la prière.

Un message pour nous aujourd’hui : Ce passage révèle une vérité profonde : Dieu n’est pas distant. Il est ému par l’amour, le souvenir, l’intercession. Même quand nous chutons ,  vite, durement, honteusement ,  Il ne nous abandonne pas. Nous avons un Moïse… et bien plus encore : nous avons Jésus, l’intercesseur parfait.

Comme Moïse s’est tenu dans la brèche, ainsi le Christ : « Il est à la droite de Dieu et intercède pour nous. » (Romains 8,34). En Jésus-Christ, Dieu a scellé avec l’humanité une alliance nouvelle et éternelle. Nous sommes invités à découvrir ou redécouvrir cette alliance que nous célébrons de façon particulière dans l’Eucharistie. Nous sommes un peuple d’Alliance, et il nous faut en vivre chaque jour en conscience. Là se trouve le secret de la fidélité durable à Dieu.

Le fait que Dieu renonce ici à sa colère montre que sa justice n’est pas une rage aveugle, mais toujours équilibrée par la miséricorde. Quand nous prions pour les autres, quand nous pleurons, jeûnons, intercédons, quand nous rappelons à Dieu ses promesses, nous participons à ce même dialogue divin.

Invitation
Es-tu découragé par tes propres échecs ou ceux des autres ? Ressens-tu la colère ou l’absence de Dieu? Souviens-toi de ceci : Dieu écoute l’intercession. Il renonce. Il se souvient. Il restaure.

Puissions-nous tous devenir comme Moïse, le cœur brisé pour les autres, debout entre la montagne et la vallée, appelant le ciel à descendre sur la terre, croyant que la miséricorde n’est jamais épuisée.
Amen.

 

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