Mes
chers frères et sœurs en Christ, dans l’Évangile d’aujourd’hui, nous voyons
Jésus enseigner au Temple. Juste avant ce passage (Matthieu 21, 23), les grands
prêtres et les anciens l’interpellèrent d’une question cruciale : « Par
quelle autorité fais-tu ces choses, et qui t’a donné cette autorité ? »
Au lieu de répondre directement, Jésus leur posa une question, les invitant à y
trouver la réponse à la leur. Mais ils refusèrent de répondre, et ainsi ils
passèrent à côté de la vérité qui se trouvait juste sous leurs yeux.
C’est
dans ce contexte que Jésus raconte la parabole que nous entendons aujourd’hui.
De nouveau, il s’adresse à ces mêmes chefs religieux et leur demande :
« Quel est votre avis …? » À la fin du récit, ils répondent,
sans doute sans se rendre compte que leur réponse était aussi un jugement porté
sur eux-mêmes.
Jésus conclut
alors de façon saisissante : « En vérité, je vous le dis, les
publicains et les prostituées vous précèdent dans le royaume de Dieu. »
Pourquoi ? Parce qu’ils ont entendu l’appel de Jean à la conversion,
qu’ils ont cru et qu’ils ont changé de vie.
Les
Grands Prêtres et les Anciens en Nous.
On pourrait
qualifier ces chefs de « croyants professionnels ». Ils connaissaient la Torah,
les Commandements et les Prophètes. Pourtant, leur familiarité avec le sacré
les avait rendus insensibles à la transformation intérieure que Dieu exige. Ils
maîtrisaient les rituels, mais négligeaient l'obéissance. Leur religion était
polie, mais leurs cœurs étaient loin de Dieu. Jésus avait déjà mis en garde
contre cette attitude en citant Isaïe : « Ce peuple m'honore des lèvres, mais
son cœur est loin de moi. » (Mt 15, 8 ; Isaïe 29, 13).
Nombre d'entre
nous, notamment ceux qui sont engagés dans le ministère, la vie chrétienne et religieuse
ou une pratique religieuse régulière, pouvons tomber dans le même piège. Nous
assistons à la messe quotidiennement, récitons des prières, chantons des hymnes
et connaissons bien les Écritures. Mais si nos cœurs restent insensibles à
l'appel à la conversion, nous risquons de devenir experts dans le culte tout en
demeurant étrangers à la conversion.
Les
deux fils : La Distance entre Paroles et Actes
Dans la parabole,
le second fils répond aussitôt « Oui» à son père. Il est poli, respectueux,
peut-être même méticuleux quant aux formes et aux rites. Mais il ne se rend pas
à la vigne. Le premier fils, quant à lui, refuse catégoriquement ;
rebelle, d' apparence irrespectueuse, têtu et direct, il finit pourtant par se
raviser, se rend à la vigne et accomplit la demande de son père.
Le mot grec
utilisé ici est metamelētheis , qui signifie « il le
regretta » ou « changea d’avis ». C’est cela la
repentance : non pas un simple regret, mais un revirement complet, un
changement de comportement, un chemin nouveau vers l’Évangile. C’est ce fils,
et non celui qui a simplement dit « oui », qui accomplit la volonté
du Père. Et ce sont les collecteurs d’impôts et les prostituées, et non l’élite
religieuse, qui incarnent ce changement, car ils ont répondu au message de Jean
par une véritable conversion. N’est-ce pas là ce à quoi nous sommes appelés en
cette dernière semaine de l’Avent ?
Le
Danger de Cécité spirituelle
Les chefs
religieux pouvaient interpréter correctement la parabole, mais ils ne s'y
reconnaissaient pas. C'est cela, l'aveuglement spirituel : prompts à juger
autrui, mais aveugles à nos propres incohérences. Jésus nous tend un
miroir : dans quels domaines de ma vie est-ce que je dis
« oui » à Dieu du bout des lèvres, mais que mes actes me
contredisent ?
Cet Évangile nous
invite à une pause. À laisser la lumière du Christ révéler toutes les ombres de
nos cœurs : l’orgueil, l’hypocrisie, le péché caché, le double discours et
la routine religieuse sans recueillement et relation personnelle avec Jesus.
Alors seulement nos cœurs pourront devenir le berceau humble et accueillant où
le Christ désire renaître, où Marie peut déposer doucement son Fils.
Un
appel à aller la vigne
La tragédie des
grands prêtres ne résidait pas dans leur religiosité, mais dans leur conviction
que leur statut les dispensait de se repentir. Ils se croyaient déjà dans la
vigne, mais ils restaient à l'extérieur, se disputant l'autorité tout en
refusant d'œuvrer pour Dieu et son Royaume.
La Bonne Nouvelle,
c'est que Dieu n'est pas choqué par notre premier « non ». Il n'est
pas rebuté par nos erreurs, nos rébellions ou nos échecs passés. Il attend
patiemment ce moment de regret sincère, ce revirement du cœur qui nous ramène à
la vigne. Dans Ézéchiel 33:11, Dieu dit aux Israélites : « Aussi vrai
que Je suis vivant, déclare le Seigneur, l'Éternel, Je ne prends aucun
plaisir à la mort du méchant, mais plutôt à ce qu'il se détourne de sa voie et
qu'il vive. Revenez ! Revenez de vos mauvaises voies !
Pourquoi mourriez-vous, peuple d'Israël ? » Il nous aime
tellement que la perte d’un d'entre nous lui cause une douleur inimaginable.
Jésus veut que tous soient sauvés, y compris les grands prêtres et les anciens.
Il ne veut pas de
belles paroles. Il veut notre présence, notre présence réelle, active et même imparfaite,
mais engagée dans l'œuvre d'amour, de miséricorde et de justice. Il préfère un
cœur rude qui lutte pour obéir à un cœur lisse et immobile.
Prions :
Seigneur,
préserve-nous du « oui » vide.
Brise l’orgueil qui nous aveugle sur notre besoin de repentance. Donne-nous le
courage du premier fils , pour reconnaître nos erreurs,
changer d’avis et entrer humblement dans ta vigne pour accomplir l’œuvre à
laquelle tu nous as appelés. Amen.
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