Au cœur de la nature humaine réside un désir persistant de notoriété, une
quête de pouvoir et de reconnaissance. Même parmi ceux qui suivent le chemin du
Christ, l’attrait de la grandeur peut parfois éclipser la véritable essence du
discipolat. Dans Matthieu 18 :1-5,10,12-14, Jésus affronte de front cette
inclination humaine, nous offrant un profond défi à notre compréhension de la
grandeur et du sens de la vie motivée.
Les disciples, pris dans la quête mondaine de la supériorité, demandent à
Jésus : « Qui est le plus grand dans le royaume des cieux? Leur
question révèle un état d’esprit ancré dans la compétition plutôt que dans le
service. En réponse, Jésus accomplit un acte apparemment simple mais
révolutionnaire : il place un enfant parmi eux. C'est en cet être innocent et
vulnérable qu'il dévoile la véritable mesure de la grandeur du royaume. Jésus a
pleinement vécu ce qu’il nous enseigne ici. En Lui, Dieu s’est humilié, est
devenu un enfant à Nazareth et a partagé notre humanité en toutes choses, sauf
le péché. Jésus a développé ici son enseignement lors de la Dernière Cène avec
ses disciples au cours de laquelle il leur a lavé les pieds et a institué
l'Eucharistie. Son message peut être résumé par sa déclaration : « Je suis
parmi vous comme Celui qui sert. » (Luc 22 :27). Ainsi, Jésus nous
enseigne que la grandeur réside dans le service humble rendu aux autres
conformément à ses enseignements.
La question des disciples est devenue l'occasion pour Jésus de nous
enseigner la condition pour entrer dans le Royaume de Dieu : « En vérité, je
vous le dis, si vous ne vous convertissez et ne devenez pas comme des enfants,
vous n'entrerez jamais dans le royaume des cieux. Celui qui s'humilie comme cet
enfant est le plus grand dans le royaume des cieux. »
Ces paroles sont radicalement opposées à la sagesse du monde. Jésus ne
prône pas l’enfantillage mais les qualités incarnées par les enfants :
l’humilité, la confiance et le sens de l’émerveillement. Pour entrer dans le
royaume, nous devons nous débarrasser de notre orgueil et adopter une
dépendance à l’égard de Dieu, notre
Père. Nous devons devenir comme les petits, ouverts à la nouveauté de Dieu
chaque jour, dénués de prétention et totalement dépendants de Dieu. Voir Dieu
comme Père change radicalement notre relation avec Lui et avec les autres. Il
ne sera plus considéré comme un Dieu qui nous regarde avec des yeux critiques,
mais comme Celui qui nous aime et prend soin de nous.
Jésus souligne en outre la valeur du « plus petit » parmi nous. Il les
compare à une brebis perdue, que le Bon Pasteur laisse pour chercher inlassablement quatre-vingt-dix-neuf.
Les anges de ces petits voient constamment le visage de Dieu. Leur importance
aux yeux du Ciel est incommensurable. « Ainsi, ce n'est pas la volonté de
mon Père qui est aux cieux qu'un seul de ces petits périsse », dit le
Seigneur.
Cette déclaration est un rappel solennel de la valeur infinie de chaque âme
humaine. C’est un appel à l’action, nous exhortant à protéger, prendre soin et
défendre les pauvres et les vulnérables. Il s’agit d’un appel urgent face aux
cas de maltraitance d’enfants et d’enfants perdus. Faire du mal ou négliger ne
serait-ce qu’un de ces précieux êtres, c’est attrister le cœur de Dieu. Jésus va même jusqu’à dire que « si quelqu'un scandalisait un de ces petits qui croient en moi, il
vaudrait mieux pour lui qu'on suspendît à son cou une meule de moulin, et qu'on
le jetât au fond de la mer. »
Essentiellement, Jésus inverse la hiérarchie du monde. Les derniers seront
les premiers, et les humbles seront exaltés. Jacques 4 : 6 dit que
« Dieu s’oppose aux orgueilleux, mais il montre sa faveur à ceux qui sont
humiliés ». La vraie grandeur ne réside pas dans le pouvoir ou le prestige
mais dans l'amour, le service et l'humilité. Cela se traduit par le fait
d’accepter les marginalisés, de défendre les innocents et de devenir comme des
enfants dans notre confiance en Dieu.
Tenons compte des paroles de Jésus et efforçons-nous d’incarner l’esprit
des enfants dont les anges adorent Dieu sans cesse. Puissions-nous trouver dans
leur innocence un miroir reflétant notre propre transformation, en gardant à
l'esprit que « bienheureux ceux qui ont le coeur pur, car ils verront Dieu ».
Puissions-nous devenir des instruments de l'amour de Dieu, étendant compassion
et attention à tous, en particulier aux plus petits d'entre nous. Car ce
faisant, nous devenons vraiment grands dans le royaume des cieux.