Friday, April 18, 2025

« Il n’y a pas d’amour plus grand que celui‑ci ».

Chers amis, aujourd’hui nous méditons le plus solennel des après‑midis du calendrier chrétien. L’Église paraît dépouillée, silencieuse. Nous ressentons un mélange de stupeur, de tristesse, mais surtout une profonde gratitude pour l’amour immense que Dieu nous a manifesté en Jésus‑Christ. Parmi les nombreux passages bibliques proposés au cours de ce Triduum pascal, je voudrais m’arrêter sur deux versets : Jean 13,1 et Jean 15,13.

« Il les aima jusqu’au bout » (Jn 13,1) »

Saint Jean place cette phrase comme un en‑tête de tout le récit de la Passion : « Lui qui avait aimé les siens qui étaient dans le monde, il les aima jusqu’au bout. » En grec, eis telos signifie à la fois « jusqu’au dernier souffle » et « jusqu’à la limite extrême ». Jésus ne ménage pas son affection ; il la répand comme l’eau du bassin lorsque, à genoux, il lave des pieds fatigués et poussiéreux , un travail d’esclave accompli par le Maître de l’univers. Il a tout donné pour que nous soyons réconciliés avec Dieu.

Saint Augustin disait : « La mesure de l’amour, c’est d’aimer sans mesure. » Lorsque nous contemplons le Calvaire, nous voyons un amour qui bat tous les records, un amour sans limite. Chaque coup de fouet, chaque pas douloureux, chaque goutte de sang crie : « Je ne t’abandonnerai jamais. » La Passion et la Mort de Jésus sur la croix sont la plus belle lettre d’amour que Dieu nous ait écrite.

« Il n’y a pas de plus grand amour… » (Jn 15,13)

Quelques heures après le lavement des pieds, sur le chemin de Gethsémani, Jésus se tourne vers ses amis : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. » Les apôtres ne le comprennent pas encore, mais il signe déjà l’acte de donation de sa propre vie.

Les Pères de l’Église ont abondamment commenté la Passion. Saint Grégoire le Grand fait remarquer une chose remarquable : Jésus aurait pu réduire ses ennemis au silence d’un seul mot, mais il a choisi de se taire pour nous donner la parole. Voilà la véritable puissance de l’amour : une force tempérée par la miséricorde ; l’unique amour qui sauve vraiment.

Et observez qui il appelle « amis » : non pas des disciples parfaits, mais des compagnons fatigués et somnolents qui, bientôt, le renieront, le trahiront, l’abandonneront. S’il y a une place pour eux au pied de la croix, il y en a aussi pour chacun de nous.

Il nous avait prévenus (Mt 17,22‑23) : trois fois sur la route de Jérusalem, Jésus a pris les Douze à part pour leur annoncer dans le détail qu’il serait livré, bafoué, mis à mort, et que le troisième jour il ressusciterait. Les clous mêmes qui le fixent proclament la solidité de ses promesses.

Ce message rejoint nos vies. Lorsque nous affrontons la souffrance , maladie, deuil, angoisse , nous demandons souvent : « Pourquoi ? » Quand il nous semble que Dieu se tait, souvenons‑nous du cri de Jésus sur la croix : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as‑tu abandonné ? » En ce cri se récapitule toute expérience humaine de l’abandon, de l’agonie, de la mort. Le Vendredi saint ne répond pas à toutes nos questions, mais il révèle qui se tient à nos côtés dans nos nuits, portant nos fardeaux et nous assurant : « Les ténèbres n’auront pas le dernier mot. »

Saint Éphrem le Syrien décrivait la croix comme « l’arbre qui a fleuri dans le sang afin que le paradis refleurisse ». Bernard de Clairvaux nous invite : « Contemple les plaies du Christ ; tu y liras son cœur. » Catherine de Sienne s’écrie : « Ô brasier de charité ardente ! Quel cœur fut jamais consumé aussi totalement par amour pour ses créatures ? » Thérèse de Lisieux murmure tendrement : « Il m’a aimée et s’est livré pour moi. »

Ces voix de la tradition nous rappellent que la croix est un don si personnel qu’elle porte chacun de nos noms.

À l’exemple de Marie et de Jean, approchons‑nous. Apportons nos péchés, nos regrets, nos relations brisées pour qu’ils soient crucifiés avec lui. Laissons sa manière d’aimer inspirer nos actes : Pardonner ceux qui ne s’excuseront peut-être  jamais. Servir discrètement, sans attendre de reconnaissance. Rester auprès de la croix de quelqu’un, même si nous n’avons que notre présence à offrir.

Une petite histoire illustre cette vérité : une infirmière racontait qu’un patient redoutait de mourir seul. Elle resta à son chevet toute la nuit, lui tenant la main. Au matin, il était parti, mais son visage rayonnait de paix. Cette infirmière a incarné ce que Jésus fait pour le monde entier aujourd’hui : refuser que quiconque souffre dans la solitude.

Prions :
Seigneur Jésus, tu nous as aimés jusqu’au bout et tu as donné ta vie pour tes amis.
Apprends à nos cœurs agités la vraie force de l’amour livré.
Que le souvenir de tes plaies guérisse les nôtres, que ton silence nous donne courage dans nos peurs, et que la promesse de ta résurrection allume en nous l’espérance. Amen.

« Nous t’adorons, ô Christ, et nous te bénissons, car par ta sainte croix tu as racheté le monde. »

Que ce Vendredi saint nous rapproche toujours plus de cette croix rédemptrice, afin que, lorsque l’aube de Pâques se lèvera, nos cœurs soient renouvelés.

 


There is no Love greater than this.

Dear friends, today, we meditate on the most solemn afternoon of the Christian calendar: Good Friday. The church feels stripped down, quiet. We feel a mix of awe, sadness, but above all, gratitude for the immense love of God for us manifested in Christ Jesus. Among the various biblical passages that we meditate on during this Triduum Pascal, I would like to take a pause on two: John 13:1 and 15:13.

 

“He loved them to the end” (Jn 13:1) : Saint John places this line like a heading over the whole Passion story: “Having loved His own who were in the world, He loved them to the end.” In Greek, eis telos means two things at once: “to the last breath” andto the furthest limit.” Jesus does not ration His affection. He pours it out like water from the basin when He kneels to wash tired, dusty feet, a servant’s job done by the Master of the universe. He gave it all for us to be reconciled with God.

 

Saint Augustine once said, “The measure of love is to love without measure.” When we look at Calvary, we see love that breaks all records, love without limit. Every lash, every agonizing step, every drop of blood shouts, “I will never give up on you.” The Passion and Death of Jesus on the Cross is the most beautiful Love Letter that God wrote to us.

“No one has greater love…” (Jn 15:13)

A few hours after the foot‑washing, on the walk to Gethsemane, Jesus turns to His friends: “No one has greater love than this, to lay down one’s life for one’s friends.” The apostles don’t realize it yet, but He’s signing the deed of gift with His own life.

 

The Church Father wrote a lot on the passion of Jesus.  Saint Gregory the Great pointed out something remarkable: Jesus could have silenced His enemies with just a word, but instead, He chose to remain silent, giving us a voice. This is the true power of love; it is strength tempered by mercy, the kind of love that truly saves.

And notice who He calls “friends.” Not just perfect followers, rather, weary, sleepy disciples who would soon turn their backs, deny, betray and abandon him. If there’s a place for them at the foot of the cross, there’s room for each of us as well.

He told us this would happen (Matthew 17:22-23):  Three times on the path to Jerusalem, Jesus took the Twelve aside and laid out the grim details: he will be betrayed, mocked, put to death, and on the third day he will rise again. The very nails locking Him in place affirm that His promises are steadfast.

This message speaks to our own lives. When we face suffering, be it illness, grief, or anxiety, we often wonder, “Why?” When we feel that the voice of God is silent, let us remember the voice of Jesus on the Cross: “My God, My God, why have thy forsaken me?” In his cry on the Cross is recapitulated on human experience of abandonment, agony and death. Good Friday may not answer every question, but it reveals who stands with us in our darkest hours, bearing those burdens alongside us and assuring us, “Darkness will not prevail.”

St Ephrem the Syrian described the cross as “the tree that blossomed in blood so that paradise might blossom again.” Bernard of Clairvaux invited us to “look upon the wounds of Christ; there you will read His heart.” Catherine of Siena exclaimed, “O fire of burning charity! Was any heart ever consumed so utterly for love of its creatures?” Thérèse of Lisieux reflected tenderly, “He loved me and gave Himself for me.”

These voices from our tradition remind us that the cross is a gift so personal that it carries each of our names.

 

We follow the example of Mary and John: we draw near. We bring our sins, our regrets, and our broken relationships, surrendering them to be crucified with Him. We let His way of love inspire our actions: - Forgive those who may never apologize. - Serve quietly, without the expectation of recognition. - Stand by someone else’s cross, even if all you can offer is your presence.

A small story comes to mind: A nurse once shared how a patient feared dying alone. She stayed by his side all night, holding his hand. When morning arrived, he had passed on, but his face had found peace. In that moment, the nurse embodied what Jesus does for the whole world today: refusing to let anyone suffer alone.

 

Let u Prayer:

Lord Jesus, You loved us to the end and gave Your life for Your friends.

Teach our restless hearts the true strength of surrendered love.

May the memory of Your wounds bring healing to our own wounds, your silence grant us courage in our fears, and the promise of Your rising ignite hope within us. Amen.

 

We adore You, O Christ, and we bless You, for by Your holy cross You have redeemed the world.” May this Good Friday draw us ever closer to that redeeming cross so that when Easter dawns, our hearts will be renewed.


Sunday, April 6, 2025

« Moi non plus, je ne te condamne pas – Va, et ne pèche plus » (Jean 8,1–11)

 

Chers frères et sœurs en Christ,

Que la paix et l’amour du Christ soient avec vous !

L’Évangile d’aujourd’hui nous fait vivre l’une des rencontres les plus émouvantes et les plus profondes de toute l’Écriture. C’est un face-à-face entre la miséricorde divine et la fragilité humaine, entre la condamnation et la compassion, entre la Loi et la Grâce.

Jésus s’était retiré au mont des Oliviers, lieu de silence et de prière. Puis, dès l’aube, Il revient au temple. Une foule s’approche, avide de Ses paroles. Et soudain, ce calme est brisé.

Les scribes et les pharisiens amènent une femme surprise en flagrant délit d’adultère. Ils la placent au centre, exposée à tous les regards. Elle n’a pas de nom. Elle est simplement « la femme ». Elle devient le symbole de tout pécheur : honteux, brisé, exposé, jugé… déjà presque condamné à mort.

Ils posent alors à Jésus une question :

« Maître, cette femme a été surprise en train de commettre l’adultère. Or, dans la Loi, Moïse nous a ordonné de lapider ces femmes-là. Et toi, que dis-tu ? »

Ils veulent tendre un piège à Jésus. S’Il approuve la lapidation, Il renie Son message de miséricorde. S’Il s’y oppose, Il se met en défaut face à la Loi de Moïse.

Mais Jésus ne répond pas. Il se penche et se met à écrire sur le sol. Il nous enseigne qu’il y a des moments où le silence est plus éloquent que les mots. Où il vaut mieux ne pas réagir à une provocation. Il nous invite à discerner le bon moment pour parler.

Pourquoi écrit-Il par terre ? L’Évangile ne le dit pas. Mais plusieurs Pères de l’Église ont vu ici un écho de Jérémie 17,13 :

« Ceux qui se détournent de Toi seront inscrits sur la terre, car ils ont abandonné le Seigneur, source d’eau vive. »

Écrivait-Il les péchés des accusateurs ? Ou voulait-Il simplement rappeler que Dieu voit tout, même ce qui est caché ? Peut-être écrivait-Il sur la poussière plutôt que sur la pierre, parce que la pierre garde la trace, tandis que la poussière s’envole au souffle du vent.

Peut-être écrivait-Il les fautes de l’humanité sur le sable, afin que le vent de Sa miséricorde les efface. Comme le dit le Psaume 103,12 :

« Aussi loin qu’est l’orient de l’occident, Il éloigne de nous nos péchés. »

Ce doigt qui trace sur la terre, c’est le même doigt divin qui grava la Loi sur les tables de pierre (Ex 31,18). Mais aujourd’hui, Jésus n’écrit plus sur de la pierre, Il écrit dans la chair, dans la terre des cœurs humains.

Comme l’avait annoncé le prophète Jérémie : « Je mettrai ma Loi au fond d’eux-mêmes ; je l’écrirai sur leur cœur » (Jr 31,33). Désormais, la Loi de l’Amour est la mesure de toutes les lois.

Jésus se penche. En grec, le mot utilisé est katakýptō, s’abaisser, se courber. Lui, le Fils de Dieu sans péché, s’incline devant la pécheresse. Voilà notre Dieu : Celui qui s’abaisse jusqu’à nous.

Quand les accusateurs insistent, Il se redresse et leur dit cette phrase inoubliable :
« Que celui d’entre vous qui est sans péché lui jette la première pierre. »

Le mot grec anamártētos signifie plus qu’« innocent » : il désigne celui qui n’a même pas d’inclination au péché, autrement dit, le parfaitement saint. Seul celui-là peut juger parfaitement.

Alors, les pierres tombent, une à une. Et les hommes s’éloignent, à commencer par les plus âgés, les plus conscients de leur fragilité. Et il ne reste plus que deux personnes : Jésus et la femme. Plus de foule. Plus d’accusateurs. Même la Loi se tait.

Jésus lui parle :
« Femme, où sont-ils ? Personne ne t’a condamnée ? »

Il l’appelle Femme, non pas « pécheresse » ni « adultère », mais Femme ,  un titre de dignité, plein de mystère. C’est le même mot qu’Il utilise pour s’adresser à sa Mère, à Cana (Jn 2,4) et sur la Croix (Jn 19,26). Il restaure son identité, non dans la faute, mais dans la dignité.

Ce n’est pas un hasard. En l’appelant Femme, Jésus évoque l’image d’Ève, mère de tous les vivants, mais cette fois-ci réconciliée, régénérée, rendue à la vie. Il ne lui donne pas seulement le pardon, mais un nom nouveau, un nouveau départ.

Elle répond :
« Personne, Seigneur. »

Alors Jésus dit cette parole qui est comme un Évangile dans l’Évangile :

« Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, et désormais, ne pèche plus. »

Il n’excuse pas le péché, mais Il refuse de réduire la femme à son passé. En grec, oudè egṓ se katakrinō signifie bien plus qu’un simple « je ne te juge pas » , c’est une volonté de ne pas définir cette femme par sa pire erreur.

Il lui ouvre un avenir. Il lui propose la vérité, mais avec tendresse. Il invite à la conversion,  « Va, et ne pèche plus »,  mais seulement après avoir offert la grâce. Cela nous rappelle ce que nous vivons quand nous allons confesser nos fautes devant un prêtre.

Et nous, aujourd’hui ?

Nous sommes tous, à un moment ou un autre, comme cette femme : blessés, honteux, confrontés à notre péché. Et parfois, nous sommes aussi comme la foule : prompts à juger, lents à nous remettre en question.

Mais Jésus nous invite aujourd’hui à déposer nos pierres. À renoncer aux jugements sévères,  surtout ceux que nous portons contre nous-mêmes.

Nous vivons dans un monde assoiffé de miséricorde. Et pourtant, nous rencontrons souvent plus de juges que de cœurs compatissants. Mais l’Église n’est pas un tribunal. Elle est, comme le dit le pape François, un hôpital de campagne, un lieu où l’on soigne les blessés au lieu de les accuser.

Aujourd’hui, Jésus regarde chacun de nous, surtout ceux qui se sentent indignes, souillés, rejetés ou désespérés. Et Il murmure à notre cœur les mêmes paroles :

« Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, et ne pèche plus. »

Quand le doute nous prend sur la miséricorde de Dieu, revenons à ce passage. Qu’il imprègne notre cœur. Jésus n’est pas venu pour nous humilier, mais pour nous relever. Pas pour nous condamner, mais pour nous sauver.

Alors aujourd’hui, offrons-Lui notre cœur tel qu’il est : fatigué, blessé, pécheur. Laissons-Le s’incliner de nouveau près de nous. Et qu’Il écrive une histoire nouvelle : une histoire de pardon, de guérison et de renaissance.

Amen.

“Neither Do I Condemn You – Go, and Sin No More” (John 8:1–11)

Dear brothers and sisters in Christ, Peace and Love of Christ be with you!!!

In today’s Gospel we witness one of the most tender and powerful encounters in Scripture, an encounter between divine mercy and human fragility, between condemnation and compassion, between law and grace.

Jesus had gone to the Mount of Olives, a place of prayer and solitude, and early in the morning, He returns to the temple. A crowd gathers, hungry for His words. And suddenly, the calm is shattered.

The scribes and Pharisees, dragging a woman caught in adultery, thrust her into the center. No name is given to her. She is simply “the woman.” She becomes the symbol of every sinner, every person ashamed, broken, exposed, condemned, even sentenced to death.

They ask Jesus:

“Teacher, this woman has been caught in the very act of committing adultery. Now in the law, Moses commanded us to stone such women. What do you say?”

The question is a trap. If He agrees, He violates His own message of mercy. If He disagrees, He is accused of breaking the Law of Moses.

But Jesus doesn’t speak, He stoops down and writes on the ground. He teaches us here that there are moments when we should observe silence, not necessarily response to a question which may be polemical. He challenges us to find the ideal moment to talk.

Why does He write on the ground? The Gospel doesn’t tell us the reason. But many Fathers of the Church saw a parallel with Jeremiah 17:13: Those who turn away from you shall be written in the earth, for they have forsaken the Lord, the fountain of living water.”

Could Jesus be writing the sins of the accusers? Or simply reminding us that God sees all, even what is hidden? Maybe Jesus  wrote on the ground and  not on stone because stone keeps record. But dust is blown away by the wind.

Perhaps, Jesus wrote the sins of humanity on sand, so that the wind of divine mercy could wipe them clean. As Psalm 103:12 reminds us: “As far as the east is from the west, so far has He removed our transgressions from us.”

The finger that wrote on the ground is the same divine finger that wrote the Law on tablets of stone (Ex 31:18), but now Jesus writes not in stone, but in flesh, in the soil of human hearts. As foretold by the prophet Jeremiah:

“I will put my law within them, and I will write it on their hearts” (Jer 31:33). The Law of Love is now the measure of all laws.

 

Jesus stoops. The Greek word here is katakýptō, to bend low. He, the sinless Son of God, lowers Himself before the sinner. This is our God, the one who stoops.

When they persist in questioning Him, Jesus stands and speaks those unforgettable words:
“Let the one among you who is without sin be the first to throw a stone at her.”
In Greek, the word for “without sin” is anamártētos, not just someone who hasn’t sinned, but someone who has no tendency toward sin at all. In other words: only the perfectly holy may judge perfectly.

And one by one, they walk away, beginning with the elders, the ones most aware of their failures. Then, only two are left: Jesus and the woman. The crowd is gone. The accusers are gone. And the law is silent.

Jesus speaks: Woman, where are they? Has no one condemned you?”.  Jesus calls her “Woman.” Not “sinner.” Not “adulteress.” But Woman, a title of dignity and mystery. The same word He uses to address His Mother Mary at Cana (John 2:4) and from the Cross (John 19:26). He is restoring her identity as a daughter of the Most High God. 

This is not coincidence. In calling her “Woman,” Jesus reawakens the image of Eve, the mother of all the living, but now redeemed, renewed, and restored to life. He gives her not just forgiveness, but a new name, a new beginning.

She answers:
“No one, Lord.”

And then comes the Gospel within the Gospel:

“Neither do I condemn you. Go, and from now on, sin no more.”

Jesus doesn’t excuse her sin. But He refuses to reduce her to her past. In Greek, “I do not condemn you” is oudè egṓ se katakrinō, not only does He not judge her now, but He chooses not to define her by her worst mistake.

He gives her a future. He offers truth with tenderness. He commands repentance, “Go and sin no more”, but only after He offers grace. This reminds us of what we can experience when we go to confess our sins before a Catholic priest.

What Does This  text Mean for Us Today?

We are all, at times, like the woman, ashamed, exposed, aware of our sin. And we are also sometimes like the crowd, quick to point fingers, slow to look inward.

But Jesus invites us today to drop our stones, to let go of the harsh judgments, especially the ones we inflict on ourselves.

We live in a world hungry for mercy. And yet, we often find more stones than compassion. But the Church is not called to be a courtroom. It is called to be a field hospital, as Pope Francis says, where the wounded find healing, not more wounds.

Jesus looks at each one of us today, especially those who feel unworthy, dirty, discarded, or hopeless, and He whispers the same words:

“Neither do I condemn you. Go, and sin no more.”

If we ever doubt the mercy of God, let us return to this Gospel. Let it soak into our hearts. Jesus does not come to shame us, but to save us. Not to push us down, but to lift us up.

So today, let bring our hearts to Jesus, just as it is, wounded, tired, sinful, and let Him stoop once again beside us. Let Him write a new story, one of forgiveness, healing, and new life.

Amen.

 

Thursday, April 3, 2025

Moise, Figure d’Intercesseur : Le Cœur de Dieu se laisse toucher. (Exode 32,7–14)

 

Chers frères et sœurs dans le Christ, Que la paix et l’amour du Christ soient avec vous !

Avez-vous déjà ressenti le poids de l’échec d’un autre ? Vous êtes-vous déjà retrouvé dans cette situation douloureuse où l’amour vous pousse à prier ardemment pour quelqu’un qui a chuté,  peut-être un enfant, un ami, un conjoint ou même toute une communauté ?

Dans la première lecture d’aujourd’hui, tirée du livre de l’Exode, nous voyons Moïse précisément dans cette position : une posture faite de douleur, de confrontation, mais aussi de profonde intercession. C’est l’un des dialogues les plus intenses de toute l’Écriture : un moment où la colère divine rencontre la supplication humaine. Mais c’est surtout un moment où se révèle le cœur de Dieu et la puissance de sa miséricorde.

La scène est saisissante. Sur la montagne, Moïse est enveloppé de la gloire divine, recevant les tables de l’Alliance. Pendant ce temps, en bas, le peuple qu’il conduit – sauvé d’Égypte par la main puissante de Dieu – s’est déjà détourné. Ils fabriquent un veau d’or et s’écrient : « Voici ton dieu, Israël ! » Alors, Dieu parle : « Descends, car ton peuple, que tu as fait sortir d’Égypte, s’est perverti.»

Le mot hébreu lekh red ,  « descends », est riche de sens. Il ne s’agit pas seulement d’un mouvement physique, mais d’une descente symbolique : de la communion divine vers le chaos du péché humain. Moïse est appelé à retourner dans la brèche, à se tenir entre Dieu et son peuple déchu.

Dieu déclare qu’Israël s’est « rapidement détourné »,  une expression qui souligne à quel point nos cœurs peuvent se détourner facilement lorsqu’ils perdent de vue Dieu. C’est une réalité pour chacun de nous : même après des moments d’élévation spirituelle, nous pouvons retomber dans de vieux schémas si nous ne restons pas vigilants.

« Laisse-moi faire… » :  L’invitation à intercéder.  Dieu dit alors quelque chose de surprenant : « Maintenant, laisse-moi faire : ma colère va s’enflammer contre eux, et je vais les détruire. » (v.10). Dieu a-t-il vraiment besoin de l’autorisation de Moïse ? Non. Mais c’est là tout le mystère : Dieu invite Moïse à faire ce que Lui-même désire ;  intercéder.

Et Moïse accepte. Il ne cherche pas à excuser le peuple, ni à nier sa faute. Il plaide plutôt sur deux fondements essentiels :

Les actions passées de Dieu : « Pourquoi ta colère s’enflammerait-elle contre ton peuple, que tu as fait sortir d’Égypte avec puissance et force ? » Le mot hébreu beḥozeq yad – « avec main forte » – évoque la puissance rédemptrice de Dieu. Moïse rappelle à Dieu qui Il est.

Les promesses faites aux patriarches : « Souviens-toi de tes serviteurs Abraham, Isaac et Israël… » Ici, le mot-clé est zakhar – « se souvenir ». Dans la pensée biblique, se souvenir n’est pas un simple acte mental, c’est un acte d’alliance. Moïse supplie Dieu de rester fidèle à ses promesses, car l’identité même de Dieu est enracinée dans sa miséricorde et sa fidélité.

Moïse ne juge pas de loin ; il prend sur lui la souffrance de son peuple. Il se tient devant Dieu avec amour. Voilà le vrai cœur d’un intercesseur.

Et alors vient l’un des versets les plus bouleversants de la Bible : « Le Seigneur renonça au mal qu’il avait voulu faire à son peuple. » Le verbe hébreu utilisé ici, vayyināḥem (de naḥam), signifie : se repentir, se laisser émouvoir, changer d’avis par compassion. Il ne s’agit pas d’une erreur divine, mais d’un Dieu qui se laisse toucher par l’amour et la prière.

Un message pour nous aujourd’hui : Ce passage révèle une vérité profonde : Dieu n’est pas distant. Il est ému par l’amour, le souvenir, l’intercession. Même quand nous chutons ,  vite, durement, honteusement ,  Il ne nous abandonne pas. Nous avons un Moïse… et bien plus encore : nous avons Jésus, l’intercesseur parfait.

Comme Moïse s’est tenu dans la brèche, ainsi le Christ : « Il est à la droite de Dieu et intercède pour nous. » (Romains 8,34). En Jésus-Christ, Dieu a scellé avec l’humanité une alliance nouvelle et éternelle. Nous sommes invités à découvrir ou redécouvrir cette alliance que nous célébrons de façon particulière dans l’Eucharistie. Nous sommes un peuple d’Alliance, et il nous faut en vivre chaque jour en conscience. Là se trouve le secret de la fidélité durable à Dieu.

Le fait que Dieu renonce ici à sa colère montre que sa justice n’est pas une rage aveugle, mais toujours équilibrée par la miséricorde. Quand nous prions pour les autres, quand nous pleurons, jeûnons, intercédons, quand nous rappelons à Dieu ses promesses, nous participons à ce même dialogue divin.

Invitation
Es-tu découragé par tes propres échecs ou ceux des autres ? Ressens-tu la colère ou l’absence de Dieu? Souviens-toi de ceci : Dieu écoute l’intercession. Il renonce. Il se souvient. Il restaure.

Puissions-nous tous devenir comme Moïse, le cœur brisé pour les autres, debout entre la montagne et la vallée, appelant le ciel à descendre sur la terre, croyant que la miséricorde n’est jamais épuisée.
Amen.

 

Standing in the Breach: The Power of Intercession and God’s Mercy. ( Exodus 32:7–14).

Dear brothers and sisters in Christ, Peace and Love of Christ be with you!

Have you ever felt the weight of someone else's failure? Have you ever stood in that painful place where love compels you to plead for someone who's fallen, maybe a child, a friend, a spouse, even a community?

In today’s first reading from Exodus, we find Moses in that exact place, a place of heartbreak, of confrontation, but also of powerful intercessor. It is one of the most dramatic dialogues in all of Scripture, a moment when divine anger meets human pleading. But even more than that, it’s a moment where we contemplate the heart of God and the power of His mercy.

The scene is dramatic. On the mountain, Moses is enveloped in glory, receiving the tablets of the covenant. But below, the people he leads, rescued from Egypt by the mighty hand of God, have quickly turned away. They mold a golden calf and cry, “This is your god, O Israel.” Then comes the voice of God:

“Go down, because your people, whom you brought up out of Egypt, have become corrupt.”

The Hebrew here is revealing. God says: lekh red ,  “Go down” It’s more than just physical descent. It’s a symbolic descent from divine communion into the brokenness of human sin. Moses is called to re-enter the mess, to stand in the gap.

God describes Israel as having “turned aside quickly” ; a phrase that underscores how rapidly human hearts can stray when they lose sight of God. This is a truth for our own lives too. Even after spiritual highs, moments of spiritual upliftment, etc.,  we can easily fall into old patterns when we do not remain watchful.

“Let Me Alone…” – The Invitation to Intercede

God says something surprising: “Now let Me alone, so that My anger may burn against them and I may destroy them.” (v.10). Does God really need Moses’ permission? No. But here’s the mystery, God is inviting Moses to do what God Himself wants: to intercede.

And Moses does. He doesn’t excuse the people. Moses doesn’t argue Israel’s innocence. Instead, he pleads based on two key things:

God’s past actions: “Why should your anger burn against your people, whom you brought out of Egypt with great power and a mighty hand?” The Hebrew beozeq yad ,  “with a strong hand” , is a term of God’s redeeming power. Moses reminds God who He is.

God’s promises to the Patriarchs: “Remember your servants Abraham, Isaac and Israel...” Here, the key word is Zakhar,  “remember.” In the Hebrew mind, remembering is not just a mental act; it is a covenantal action. Moses asks God to remain faithful to His promises, because God’s identity is wrapped in His mercy and fidelity.

The key word Moses uses is “zakhar - “remember.” In the Bible, to remember is not just mental recollection; it’s a covenantal act. Moses is saying: “Be faithful, Lord, to who You are. Do not abandon them.”

Moses shows us the heart of a true intercessor: not condemning others from a distance, but standing before God on their behalf with love.

And then, in one of the most extraordinary verses of Scripture: “And the Lord relented from the harm He said He would do to His people.” The Hebrew verb here is vayyināḥem, from naam– a word that means to relent, to be moved with compassion, or to change one’s mind out of deep feeling. It is not that God made a mistake; it is that God allows His heart to be moved by love and intercession.

Message for us Today : This passage unveils a profound truth: God is not distant. He is moved by love, by memory, by intercession. Even when we fall, quickly, shamefully, deeply, we are not abandoned. We have a Moses, and even more, we have Jesus, the perfect intercessor.

As Moses stood in the breach, so does Christ: “He is at the right hand of God and is also interceding for us.” (Romans 8:34) . In Christ Jesus God has concluded with Humanity a new covenant and everlasting covenant. We are therefore invited to discover or rediscover this New Covenant which we celebrate in a special way in the Holy Eucharist.  We are people of Covenant and should be conscious of this every day for there lies the secret of an enduring fidelity to God. 

God’s relenting in this passage shows that His justice is not blind rage but is always held in tension with mercy. When we pray for others, when we weep, fast, intercede, and remind God of His promises, we are participating in that same divine dialogue.

Invitation.

Are you discouraged by your failures or the failures of those around you? Do you feel God's anger or absence? Remember this: God listens to intercession. He relents. He remembers. He restores.

May we all become like Moses, hearts broken for others, standing between the mountain and the valley, calling heaven down to earth, believing that mercy is never exhausted, Amen.

 


« Il n’y a pas d’amour plus grand que celui‑ci ».

Chers amis, aujourd’hui nous méditons le plus solennel des après‑midis du calendrier chrétien. L’Église paraît dépouillée, silencieuse. No...