Tuesday, December 31, 2024

Grâce sur Grâce : Le Pouvoir Transformant de l'Incarnation (Jean 1:1-18).

Chères Sœurs et chers Frères, alors que nous approchons de la fin de l’année 2024, la Sainte Mère Église nous invite à méditer sur le mystère profond présenté dans l’Évangile de Jean. Il convient de rappeler que cet Évangile a été écrit dans un contexte profondément marqué par la pensée philosophique grecque, notamment les réflexions sur l’origine et l’ordre de toutes choses. Des philosophes comme Héraclite utilisaient depuis longtemps le terme « Logos » pour désigner le principe de raison et d’ordre sous-jacent à l’univers. À l’époque de Jean, le terme « Logos » avait évolué pour devenir un concept riche et multifacette dans les traditions juive et grecque, servant de pont entre la sagesse divine, la création et la structure intelligible de la réalité.

Jean, inspiré par l’Esprit Saint, relie magistralement ces idées philosophiques à l’annonce chrétienne de Jésus-Christ. Il présente le Logos non pas comme un principe abstrait, mais comme une personne, le Verbe fait chair, le divin entrant dans l’histoire humaine. Cette affirmation audacieuse transforme la pensée philosophique grecque en une révélation théologique profonde : Dieu Lui-même, source et soutien de tout, s’est fait l’un de nous.

Cette invitation à réfléchir sur le mystère de l’Incarnation nous appelle à une compréhension plus profonde de ce que Dieu a fait pour nous en Jésus-Christ. Une telle contemplation mène naturellement à une gratitude profonde et à une adoration sincère. Le passage commence par ces mots majestueux et intemporels : « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était avec Dieu, et le Verbe était Dieu. »

Le terme grec « Logos » transmet une richesse de significations: il ne signifie pas seulement « parole », mais aussi raison, ordre, sagesse et expression divine. Il nous rappelle que le Verbe est à la fois l’origine et la finalité de toute création, Celui qui apporte lumière et vie à un monde souvent plongé dans les ténèbres.

La lumière dans les ténèbres

« La lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas arrêtée » (Καὶ τὸ φῶς ἐν τῇ σκοτίᾳ φαίνει, καὶ σκοτία αὐτὸ οὐ κατέλαβεν). Le mot « κατέλαβεν » (katalaben) peut signifier « surmonter », « saisir » ou « comprendre ». Cette expression révèle une vérité profonde : les ténèbres ne peuvent éteindre la lumière du Christ.

En méditant l’Évangile d’aujourd’hui, nous voyons la pertinence durable de la lumière du Christ face aux défis actuels, une lumière qui offre l’espérance au milieu des guerres, de l’incertitude économique et des crises environnementales. Comme le rappelle saint Jean de la Croix : « L’âme unie et transformée en Dieu respire Dieu en Dieu avec le même souffle divin avec lequel Dieu, en la personne, se respire Lui-même. » Cette union profonde nous rappelle que la lumière du Christ n’est pas seulement extérieure, mais qu’elle vit en nous, illuminant les moments les plus sombres par l’espérance de l’amour divin.

Le Verbe s’est fait chair : un Dieu qui demeure parmi nous

Au cœur de ce passage se trouve cette déclaration saisissante : « Et le Verbe s’est fait chair et Il a habité parmi nous » (Καὶ Λόγος σὰρξ ἐγένετο καὶ ἐσκήνωσεν ἐν ἡμῖν). Le verbe eskenōsen, qui signifie littéralement « a dressé sa tente », évoque l’image du Tabernacle dans le désert, signe tangible de la présence de Dieu parmi son peuple.

Ce verset nous assure que Dieu est intimement présent dans les réalités de nos vies. Comme l’a si bien exprimé saint Augustin : « Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne Dieu. » Pourtant, l’une des plus grandes tentations du monde moderne est l’inclination de l’humanité à usurper la place de Dieu, cherchant à devenir son propre dieu en défiant le Créateur.

En Christ, cependant, nous rencontrons un Dieu qui comprend véritablement nos joies, nos peines et nos luttes, car Il les a vécues Lui-même. L’Incarnation révèle un Dieu profondément proche de nous, offrant espérance, guérison et promesse de transformation divine.

Grâce et Vérité : le don de l’Incarnation

Jean écrit : « Nous avons tous reçu de sa plénitude, et grâce sur grâce » (Charin anti charitos). L’expression grecque évoque une surabondance de grâce, un don infini et gratuit. L’Incarnation révèle un Dieu caractérisé par « grâce et vérité » (charis kai alētheia), accomplissant la loi et inaugurant une nouvelle alliance d’amour et de miséricorde divins.

C.S. Lewis exprime cette vérité profonde lorsqu’il dit : « Le Fils de Dieu est devenu homme pour permettre aux hommes de devenir fils de Dieu. » Cette découverte de notre identité en tant que « fils et filles de Dieu » apporte une véritable liberté et transforme nos relations. En embrassant cette identité, nous dépassons peu à peu une vie de compétition, réalisant que chacun de nous est unique, créé par Dieu pour un but précis.

Cette grâce ne nous réconforte pas seulement, elle nous transforme. Elle nous donne la force de refléter la lumière du Christ dans nos vies, à travers des actes de bonté, de pardon et de service désintéressé. En vivant cette grâce, nous devenons des témoins vivants de l’amour de Dieu, propageant Sa lumière dans un monde en besoin.

Contempler la gloire de Dieu

Jean déclare : « Nous avons vu sa gloire, une gloire comme celle du Fils unique venu du Père. » Le terme grec doxan se réfère à la splendeur, la majesté et la radiance divine de Dieu révélée en Christ. Cette gloire est une réalité relationnelle qui nous attire dans la communion avec le Père. Comme l’a écrit le poète Rainer Maria Rilke : « Le seul voyage est celui qui se fait à l’intérieur. » Contempler la gloire du Christ nous invite à entreprendre un voyage intérieur de transformation, un chemin qui ouvre nos cœurs à Dieu et aux autres.

Témoins de la lumière

Jean-Baptiste est présenté comme un « témoin de la lumière » (martys tou phōtos). Le mot grec μάρτυς (martys) signifie aussi « martyr », soulignant le coût du témoignage. En cette fin d’année, nous sommes appelés à réfléchir : Comment avons-nous témoigné de la lumière du Christ dans nos familles, nos lieux de travail et nos communautés ?

Dietrich Bonhoeffer nous rappelle : « Ta vie de chrétien devrait amener les non-croyants à remettre en question leur incrédulité en Dieu. » C’est là le défi et le privilège d’être témoin : vivre de telle manière que les autres voient en nous l’espérance et l’amour du Christ.

Alors que nous nous préparons à entrer en 2025, tenons ferme à la vérité de l’Incarnation : le Logos s’est fait chair, dressant sa tente parmi nous. Que Sa lumière nous guide à travers les incertitudes de la vie, que Sa grâce nous soutienne dans nos épreuves et que Sa gloire nous transforme de l’intérieur. Puissions-nous, à l’exemple de Jean-Baptiste, devenir des témoins de la lumière, apportant l’espérance à un monde qui a besoin de la présence du Christ.

« La lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas arrêtée. » Amen.

BONNE ET SAINTE ANNÉE 2025 !!!🙏🙏🙏

 


1 comment:

  1. Le Fils de Dieu est devenu homme pour permettre aux hommes de devenir fils de Dieu. » Cette découverte de notre identité en tant que « fils et filles de Dieu » apporte une véritable liberté et transforme nos relations

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